Durant le mois de la Francophonie, le théâtre de La Criée à Marseille vient à Shanghai présenter Trissotin ou les Femmes Savantes， pièce majeure du théâtre français au Grand Théâtre de Shanghai, mise en scène par Macha Makeïeff, une des personnalités les plus renommée du théâtre français. A cette occasion, nous vous invitons à la rencontrer pour découvrir davantage la célèbre pièce de Molière.

Macha Makeïeff

Auteure, metteure en scène, plasticienne, Macha Makeïeff dirige La Criée, Théâtre national de Marseille depuis 2011. Avec Jérôme Deschamps, elle a écrit et mis en scène plus de vingt spectacles dont elle assure également la création des costumes et des décors. Macha Makeïeff désigne les costumes et accessoires de Karamazov, d’après Dostoievski, mise en scène Jean Bellorini, au Festival d’Avignon 2016.

Une comédie de génie, qui plonge au cœur d'une famille bourgeoise qui déraille - folie de la mère, filles sacrifiées, ruse et désarroi des hommes. Description d’une précision et d’une drôlerie inégalées de l’émancipation des femmes au sein d’une société patriarcale, pièce extraordinaire sur le féminisme et les misogynies, Trissotin ou les Femmes Savantes est à la fois une critique sociale intense et la photographie d’un désastre familial.

Molière et les femmes savantes

Les Femmes Savantes sont représentées la première fois en mars 1672 sur la scène du Palais-Royal, théâtre attitré de Molière depuis 1661. Une fois n'est pas coutume, la pièce est jouée seule, sans être suivie par une comédie en un acte. Le succès est immédiat, ce qui se traduit par des retombées financières des plus importantes dans l'histoire de la troupe de Molière.

Molière ne répond pas à une commande du Roi, il reprend un sujet qui lui tient à cœur, l'accès des femmes au savoir, sujet pour lequel il avait déjà demandé officiellement un privilège dès décembre 1670. Les Femmes Savantes sont donc une œuvre à la fois de maturité - Molière a alors 50 ans - et de maturation comme le confirme sa composition fort élaborée et une écriture versifiée que le poète n'avait pas pratiquée depuis Le Misanthrope en 1666.

Avec Les Femmes Savantes en effet, Molière entend donner une sœur cadette au Tartuffe et au Misanthrope. Plus qu'une satire des femmes ou du savoir, l'avant-dernière pièce de Molière est un portrait de famille où, sous couvert de doctrines universelles, l'intérêt règne en maître. Molière excelle avec une matrice dramatique qui allie le comique et le pathétique dans une efficacité scénique des plus brillantes.

Au centre du dispositif : la folie régnante exploitée par un intrigant, la désagrégation d'une famille par la déraison du père ou de la mère.

En écrivant une comédie sur les femmes savantes, Molière impose une vision sceptique du monde que seul le rire peut déjouer.