Dans le cadre de la fête de la francophonie, la médiathèque de l’Institut français de Chine organise un concours de traduction de poésie française.
Le concours de poésie propose de traduire en chinois un corpus de cinq poésies françaises que vous trouverez ci-dessous. À l’exception de la première, elles sont toutes très connues dans l’histoire littéraire.
Cette traduction est proposée à des duos d’apprentis traducteurs. En effet, la traduction est trop souvent un travail solitaire alors qu’elle pourrait être le résultat d’un dialogue et de recherches en commun.
L’idée est donc de susciter ce dialogue autour de la poésie d’une langue que l’on est en train d’apprendre.
Le concours de poésie s’adresse aux apprenants de français en Chine, étudiant à l’université ou à l’Alliance française.
Les candidats doivent se présenter par deux et être âgés de plus de dix-huit ans.
Les traducteurs professionnels et les professeurs de français ne peuvent pas participer au concours de traduction.
Le concours est ouvert du 22 décembre 2015 au 22 février 2016.
Les duos devront envoyer un dossier de candidature qui comportera les trois éléments suivants :
1. les deux CV
2. Les deux cartes d’étudiant scannées (ou attestation de cours de l’Alliance Française) sous format PDF
3. la traduction des cinq poèmes sous format Word
Les dossiers complets doivent être envoyés à l’adresse suivante :
mediatheque@institutfrancais-chine.com
Les concurrents recevront un accusé de réception par mail dans les trois jours qui suivront l’envoi de leur dossier. Dans le cas contraire, ils pourront contacter directement l’accueil de la médiathèque de l’Institut français au numéro suivant : (10) 6553 2627 poste 110 ou 111.
Après la clôture des inscriptions le 23 février, le jury, composé d’universitaires, de traducteurs et de poètes, se réunira pour sélectionner les trois duos qui auront présenté les meilleures traductions. Les trois duos vainqueurs en seront informés.
Ces traductions en chinois seront publiées dans une brochure avec, en vis-à-vis, les poésies originales en français.
L’Institut français prendra en charge les frais de transport et d’hébergement des personnes venant d’une université ou d’une Alliance française de province le jour de la présentation et de la remise des prix.
Le samedi 26 mars aura lieu la présentation du travail de traduction par les trois duos sélectionnés. Elle ne devra pas dépasser 22 minutes par duo et devra mélanger chinois et français. Elle intègrera la lecture partielle ou totale des poèmes en français ou en chinois ainsi qu’une présentation personnelle. Le jury pourra poser des questions aux candidats en lien avec leur traduction. Après délibération, le jury remettra le premier, le deuxième et le troisième prix.
Ces trois duos recevront 22 brochures. Chaque brochure comprendra les traductions, signées par les lauréats, présentés en quelques lignes.
La nature des prix sera dévoilée le jour de la présentation.
L’Institut français de Chine ne saurait être rendu responsable des retards et pertes d’envois du fait de problèmes informatiques ou de leur disparition résultant d’un cas fortuit ou de force majeure ou du fait d’un tiers. Les organisateurs se réservent le droit d’annuler cette manifestation pour toute raison indépendante de leur volonté.
Les lauréats autorisent la publication des traductions sur le site faguowenhua.com.
Les participants acceptent la totalité des conditions de ce règlement.
Date de clôture des inscriptions :
22 février 2016
Pour le dossier complet du concours et toute demande d’information
官方参赛细则及更多咨询,请发送邮件至
mediatheque@institutfrancais-chine.com
01
Rondeau
Je ne sais comment je dure
Je ne sais comment je dure,
Car mon dolent cœur fond d’ire
Et plaindre n’ose, ni dire
Ma douloureuse aventure,
Ma dolente vie obscure.
Rien, hors la mort ne désire ;
Je ne sais comment je dure.
Et me faut, par couverture,
Chanter que mon cœur soupire
Et faire semblant de rire ;
Mais Dieu sait ce que j’endure.
Je ne sais comment je dure.
- Christine de Pizan
02
Sonnet VIII
Je vis, je meurs: je me brûle et me noie,
J'ai chaud extrême en endurant froidure;
La vie m'est et trop molle et trop dure,
J'ai grands ennuis entremélés de joie.
Tout en un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure,
Mon bien s'en va, et à jamais il dure,
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être en haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
- Louise Labé
03
À Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée,
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.
Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ! ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vôtre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Ronsard Odes, I,17
- Pierre de Ronsard
04
Stances à Marquise
Marquise si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu’à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.
Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire un affront,
Et saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front.
Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits
On a vu ce que vous êtes
Vous serez ce que je suis.
Cependant j’ai quelques charmes
Qui sont assez éclatants
Pour n’avoir pas trop d’alarmes
De ces ravages du temps.
Vous en avez qu’on adore ;
Mais ceux que vous méprisez
Pourraient bien durer encore
Quand ceux-là seront usés.
Ils pourront sauver la gloire
Des yeux qui me semblent doux,
Et dans mille ans faire croire
Ce qu'il me plaira de vous.
Chez cette race nouvelle,
Où j'aurai quelque crédit,
Vous ne passerez pour belle
Qu'autant que je l'aurai dit.
Pensez-y, belle marquise.
Quoiqu'un grison fasse effroi,
Il vaut bien qu'on le courtise
Quand il est fait comme moi.
- Pierre Corneille
05
L’Instant fatal
Si tu t'imagines
Si tu t'imagines
Fillette fillette
Tu t'imagines
Xa va xa va xa
Va durer toujours
La saison des za
La saison de za
Saison des amours
Ce que tu te goures
Fillette fillette
Ce que tu te goures
Si tu crois petite
Si tu crois ah ah
Que ton teint de rose
Ta taille de guêpe
Tes mignons biceps
Tes ongles d'émail
Ta cuisse de nymphe
Et ton pied léger
Si tu crois petite
Xa va xa va xa
Va durer toujours
Ce que tu te goures
Fillette fillette
Ce que tu te goures
Les beaux jours s'en vont
Les beaux jours de fête
Soleils et planètes
Tournent tous en rond
Mais toi ma petite
Tu marches tout droit
Vers ce que tu vois pas
Très sournois s'approchent
La ride véloce
La pesante graisse
Le menton triplé
Le muscle avachi
Allons cueille cueille
Les roses les roses
Roses de la vie
Et que leurs pétales
Soient la mer étale
De tous les bonheurs
Allons cueille cueille
Si tu le fais pas
Ce que tu te goures
Fillette fillette
Ce que tu te goures
- Raymond Queneau