Dans le cadre du mois de la francophonie, la médiathèque de l’Institut français à Pékin, l'Ambassade de France en Chine et les consulats généraux de France en Chine organisent un concours de traduction de poésie de langue française sur le thème « 静女其姝 / Éclats du corps féminin ». L’inscription est ouverte dès maintenant.
Le lauréat gagnera un séjour en France !
Cette année, des textes des poètes Stéphane Mallarmé, Paul Eluard, Louis Aragon et Andrée Chedid seront à l’honneur. A cette occasion, la médiathèque vous propose une sélection de documents autour de la poésie pour vous permettre de mieux découvrir ou redécouvrir des auteurs classiques de la poésie de langue française.
Présentation des 4 poètes
Stéphane Mallarmé
(1842-1898)
Poète symboliste français. Son oeuvre se caractérise par la quête d’une beauté pure, dépassant le monde sensible et que seul l’art peut créer : selon lui, « le monde est fait pour aboutir à un beau livre ». Une première version de « Tristesse d’été » a été imprimée dans la revue Le Parnasse contemporain du 30 juin 1866. Le poète a révisé plusieurs fois son texte pour arriver à la version définitive proposée ici, qui a été publiée à titre posthume dans Poésies en 1899.
Tristesse d'été
Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
En l'or de tes cheveux chauffe un bain langoureux
Et, consumant l'encens sur ta joue ennemie,
Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.
De ce blanc flamboiement l'immuable accalmie
T'a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux
" Nous ne serons jamais une seule momie
Sous l'antique désert et les palmiers heureux ! "
Mais la chevelure est une rivière tiède,
Où noyer sans frissons l'âme qui nous obsède
Et trouver ce Néant que tu ne connais pas.
Je goûterai le fard pleuré par tes paupières,
Pour voir s'il sait donner au coeur que tu frappas
L'insensibilité de l'azur et des pierres.
-- Disponible à la médiathèque dans le recueil "Poésie", Librio, 1996.
Paul Eluard
(1895-1952)
Poète français, l’un des fondateurs du mouvement surréaliste. Ce poème est tiré de Capitale de la douleur (1926) et est dédié à sa muse, Helena Diakonova, surnommée Gala. Dans ce texte, l’oeil est à la fois le symbole de la femme, de l’ouverture sur l’imaginaire et du regard partagé sur le monde.
La courbe de tes yeux...
La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu
C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs
Parfums éclos d’une couvée d’aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l’innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
-- Disponible à la médiathèque dans le recueil "Capitale de la douleur", Gallimard, 1996.
Louis Aragon
(1897-1982)
Poète et romancier français. Il fit partie du groupe surréaliste jusqu’en 1932, puis engagea son écriture au service des idéaux communistes. Son recueil Les Yeux d’Elsa, inspiré par son épouse et muse Elsa Triolet, paraît en pleine guerre, en 1942, et marque le retour à une métrique traditionnelle. Le poème liminaire, dont ne sont donnés ici que les trois premiers quatrains, reprend le titre du recueil : la femme aimée, sous le nom d’Elsa, y apparaît comme le symbole de l’espoir et de la Résistance.
Les Yeux d’Elsa
Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire
J’ai vu tous les soleils y venir se mirer
S’y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j’y perds la mémoire
À l’ombre des oiseaux c’est l’océan troublé
Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
L’été taille la nue au tablier des anges
Le ciel n’est jamais bleu comme il l’est sur les blés
Les vents chassent en vain les chagrins de l’azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu’une larme y luit
Tes yeux rendent jaloux le ciel d’après la pluie
Le verre n’est jamais si bleu qu’à sa brisure
-- Texte disponible dans le recueil « Les yeux d’Elsa », Seghers, 2012
Andrée Chedid
(1920-2011)
Femme de lettres française d’origine syro-libanaise, auteure de poèmes, de nouvelles, de pièces de théâtre et de romans. Son oeuvre entière est un questionnement sur les liens entre les êtres humains et sur leur rapport au temps. Ses écrits invitent chaque personne à accepter l’altérité, comme en témoigne le titre du recueil d’où est tiré ce poème : Fraternité de la parole (Flammarion, 1976).
Nos corps I
Nos corps tissent la vie
Et puis tissent la mort
À perdre regard
Ils vont
Au point de ne plus être
Ils étaient cependant
J’existais
Et tu vas ------------------------ :
Dans le cerne de toute chair
Dans la maison des yeux
Dans l'amour vulnérable
Dans l’incessant renaître.
Nos corps II
Tant d’inconnu
dans ce corps
reconnu
Tant de chutes
Tant d’aube
Tant d’espace
Tant de détours
Tant de vécu
en ce corps
disparu.
-- Textes disponibles dans le recueil "Poèmes", Flammarion, 2013
Petit rappel pour le concours
Concours ouvert aux apprenants de français en Chine, étudiant à l’université ou à l’Alliance française.
Clôture des inscriptions : 12 février 2018
Pour la circonscription de Shanghaï
la ½ finale du concours aura lieu le 18 mars 2018
à l'Alliance Française de Shanghai
Finale à Pékin le 31 mars 2018
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